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Fleur de buriti (la) (2023)
de João Salaviza & Renée Nader Messora
publié le mercredi 1er mai 2024

par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n°423, été 2023

Sélection officielle Un certain regard du Festival de Cannes 2023

Sortie le mercredi 1er mai 2024


 


Le buriti est un palmier qui pousse dans la région du Tocantins, au nord-est du Brésil, où vit l’ethnie autonome des Kraho. Les co-auteurs de cette docu-fiction, João Salaviza, cinéaste portugais, et Renée Nader Messora, anthropologue brésilienne spécialiste de cette ethnie, situaient déjà leur précédent métrage, Le Chant de la forêt (2018) dans cette même région. Ils poursuivent leur "observation participante" en faisant appel aux habitants du village, aussi bien pour l’écriture du scénario que pour son incarnation.


 


 

La narration traite essentiellement de deux personnages : Hyjno, chamane et chef du village et sa nièce Patpro. Celle-ci est enseignante. Dans la forêt édénique, elle s’informe des événements politiques par smartphone. Elle convainc son oncle, un peu réticent parce qu’il va devenir père, de se rendre à Brasilia, pour participer au rassemblement des peuples autochtones. Nous sommes en août 2021.


 


 

Une fois dans la capitale, le style du film, jusque-là onirique et poétique, devient reportage. Le montage juxtapose vues de manifestants chantant et dansant en costumes traditionnels et prises de parole de militants, comme Sonia Guajajara, aujourd’hui ministre des populations autochtones dans le gouvernement Lula. Les réalisateurs recourent à des ellipses temporelles. D’une part, ils anticipent en insistant à la fois sur le thème de la naissance proche d’un enfant et sur le progrès des luttes politiques. D’autre part, ils jouent sur un va-et-vient entre le présent et un passé traumatique.


 


 

En effet, en 1940, des éleveurs de troupeaux ont voulu se débarrasser des Indiens pour occuper leur territoire. Le village a failli être rayé de la carte. Seuls quelques adultes et enfants ont échappé au massacre. Parmi eux, la mère d’Hyjno. Celui-ci se doit de transmettre la mémoire de ce crime. Tels les aèdes antiques, il en fait, chaque année, la relation chantée. Cette scène magistralement captée et interprétée est la plus impressionnante de La Fleur de buriti. En contrepoint, quelques photos et un petit film en noir et blanc du village avant la tragédie perpétue le visage de protagonistes nommés au cours du récit.

Nicole Gabriel
Jeune Cinéma n°423, été 2023


La Fleur de buriti (Crowra). Réal, sc, mont : João Salaviza & Renée Nader Messora ; sc : Ilda Pratpo Kraho, Francisco Hyjno Kraho, Enrique Ihjac Kraho ; ph : Renée Nader Messora ; mont : Edgar Feldman. Int : Francisco Hyjno Kraho, Enrique Ihjac Kraho, Solane Tehtikwyj Kraho (Brésil-Portugal, 2023, 125 mn).



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